Les mesures de confinement prises dans la plupart des pays européens ont fait craindre une recrudescence de la violence domestique à cause de la plus grande proximité qu’elles imposent entre l’agresseur(e) et l’agressé(e). Les associations d’aide aux victimes ont rapidement mobilisé la presse pour qu’elle relaie les différents numéros d’urgence et qu’elle rappelle au voisinage la nécessité de contacter les services sociaux en cas de bruits et de cris suspects chez un voisin.
Angleterre La problématique des violences domestiques a été particulièrement couverte par la presse britannique, qui indique que, depuis le début du confinement, les appels à la ligne nationale d’assistance contre les violences domestiques ont fortement augmenté. En date du 16 avril, les 23 refuges qui accueillent des femmes en détresse affichaient complets. Malgré cet afflux, les associations ont dû réduire leurs prestations par manque de personnel suite à des congés maladie et par manque de matériel informatique. Elles se sont néanmoins montrées particulièrement actives pour mener une campagne d’information et de recherche de fonds à travers la rédaction d’une lettre à l’Etat pour demander la création d’un fonds d’aide d’urgence. Elles ont également contacté les hôteliers du pays pour qu’ils accueillent les victimes dans leurs hôtels moyennant le paiement des frais d’hébergement par l’Etat. Le ministre de l’intérieur, Priti Patel, est intervenu à la télévision pour rappeler aux victimes qu’elles pouvaient bénéficier de l’aide des associations au travers de plusieurs numéros d’aide ainsi qu’avec la ligne d’urgence « 999 », silencieuse, qui permet aux victimes de presser deux fois sur 5 pour appeler la police.
Irlande En Irlande, des messages clairs aux ménages à risque de violence domestique ont également été envoyés et les associations ont mobilisé les livreurs et postiers pour qu’ils se montrent vigilants à tout appel à l’aide.
Russie La presse russe relate que la commissaire aux droits de l'homme, Tatyana Moskalkova, a signalé une multiplication par 2,5 du nombre de cas de violences domestiques pendant la période d'auto-isolement, tout en remarquant qu'il s'agit d'un chiffre inexact, car à cause des mesures de confinement, il n'y a aucun moyen pour les victimes de se plaindre par courrier et l'utilisation du téléphone peut être dangereuse. La commissaire aux droits de l’homme a proposé de s'affranchir de la nécessité d’obtenir un permis pour la circulation des femmes qui souffrent à la maison et de leur permettre d’utiliser les abris. Les députés ont également proposé de créer plusieurs lieux pour accueillir les victimes, y compris des chambres d'hôtel. De plus, ils estiment qu'il est nécessaire d'exiger des policiers qu'ils répondent immédiatement à tout signalement de violence domestique, qu’ils protègent les victimes et non l'agresseur et qu’ils préviennent toute forme de violence.
Allemagne Du 16 mars au 19 avril, la police de Berlin a signalé une augmentation de 33% des incidents de violence domestique - par rapport à la même période l'an dernier. L'avocate Leonie Steinl a déclaré des chiffres similaires dans d'autres villes allemandes. Selon, Leonie Steinl, présidente de la commission du droit pénal de l'Association des avocats allemands : « pour une femme, son propre appartement est l'endroit le plus dangereux, car 70% de tous les crimes de violence physique ou sexuelle impliquent des femmes dans leurs quatre murs. Elles peuvent à peine en sortir maintenant. » La presse allemande rapporte les propos d’assistants sociaux, qui s’inquiètent de la situation vécue par des familles que visitaient avant les aides familiales et les agents de protection de la jeunesse et dont les portes sont maintenant closes. Des contacts personnels sont encore autorisés uniquement avec les familles qui ont connu des cas de violences. Avec toutes les autres, les assistants sociaux ne peuvent que passer des appels, parfois via des chats vidéo ou des groupes WhatsApp.
En France, en Suisse et dans les autres pays européens, les numéros d’appel d’urgence en cas de violences domestiques ont fait partie des principaux numéros figurant sur les listes des contacts importants établies par les associations et les services sociaux dans cette période de coronavirus, tandis que les Pays-Bas ont créé un chat afin de faciliter le contact. D’autre part, les centres d’hébergement pour femmes et mineurs sont généralement restés ouverts.
En ce qui concerne les mineurs, notons que l’Angleterre et les Pays-Bas ont maintenu un accueil dans les écoles pour les enfants venant d’un milieu familial jugé problématique. Par rapport aux jeunes enfants, la presse suisse s’inquiète de leur présence au domicile, non seulement comme victimes potentielles, mais aussi comme spectateurs des conflits parentaux violents.
Suède Fin avril, après quelques semaines de confinement partiel, la ministre suédoise de l’égalité des genres, Asa Lindhagen, constate que si certaines associations féminines ont reçu plus d’appels, pour d’autres la ligne est devenue silencieuse. Elle interprète ce silence comme le résultat d’une impossibilité pour les victimes d’appeler étant donné la présence de l’agresseur(e) au domicile.
En Suisse également, les derniers chiffres ne permettent pas d’établir qu’il y a eu une recrudescence de la violence domestique durant cette période, mais ceci reste encore à évaluer.
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