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La fermeture des écoles, des commerces non essentiels et de nombreuses entreprises a rassemblé les familles dans un même lieu tout en les coupant de leurs activités habituelles. Si cette nouvelle situation a eu comme impact positif, dans certains contextes, l’approfondissement des relations familiales, elle a surtout accentué les inégalités sociales entre les familles favorisées et les autres.
Allemagne Les media allemands véhiculent fréquemment l’image de la famille « idéale » en confinement en présentant une famille traditionnelle de deux enfants assise autour d’une grande table ; tandis que père et fils regardent l’ordinateur, la mère aide le deuxième enfant à accomplir son travail scolaire
Cette représentation concerne principalement les familles travaillant dans le tertiaire qui peuvent faire du télétravail et ont ainsi un revenu assuré.
Suisse
De nombreuses mesures ont rapidement été prises pour maintenir l’emploi et le niveau de vie des salariés au bénéfice d’un contrat de travail à long terme.
Le Conseil fédéral a décidé d’injecter des liquidités dans le système économique en mettant en place les crédits COVID-19 à disposition des entreprises, pour un montant total de 20 milliards de francs pour lutter ainsi contre les faillites.
Le chômage a rapidement augmenté passant de 2,5% à 3,3% en quelques semaines et plus de 30% d'actifs en Suisse ont été mis au chômage partiel.
Dans un système de quasi plein emploi, tel que le connaissait la Suisse avant la pandémie,
les mesures de préservation du tissu économique sont fondamentales, mais elles touchent peu les travailleurs illégaux, sans contrat de travail ou au bénéfice de contrats temporaires facilement résiliables, qui sont particulièrement affectés par la crise économique conséquente des mesures de confinement car ils ne peuvent bénéficier d’indemnités.
Depuis le début du mois d’avril, une distribution alimentaire est organisée à Genève, une fois par semaine, à la patinoire des Vernets par l’association Caravane de solidarité, dont le nombre de bénéficiaires gonfle de manière exponentielle. Samedi 2 mai, 1’370 sacs de denrées de base étaient distribués principalement à des personnes sans-papiers (samedi 8 mai 1600 et samedi 15 mai 2600)
France, Angleterre, Italie
Dans d’autres pays européens aux taux de chômage plus élevés qu’en Suisse, les articles de presse évoquent également régulièrement le sort des familles précaires.
Avant les mesures de confinement, celles-ci tiraient leurs revenus de petits travaux, souvent à court terme, voire à la journée, comme les travaux ménagers ou d’entretien, qui ont été supprimés suite à la crise sanitaire.
La fermeture des écoles et en conséquence des cuisines scolaires a privé certains enfants pauvres d’un repas chaud quotidien (700’000 enfants en Italie).
Le confinement dans des appartements petits, parfois bruyants et insalubres est également une source importante de tensions, ainsi que le manque d’accès à internet et à un ordinateur pour que les enfants puissent étudier à domicile.
France
A Clichy-sous-Bois, une commune française située dans la banlieue de Paris, des distributions de nourriture ont été organisées par les associations. Celles-ci dénoncent la situation dramatique dans laquelle se trouvent les familles précaires qui ont été pénalisées par une perte ou une baisse de revenus et une augmentation des charges avec une consommation d’électricité plus importante et un volume supplémentaire d’achats alimentaires.
Face à l’urgence, le gouvernement français a pris des mesures concrètes à travers par exemple:
le versement de 150.- Euros et 100.- Euros supplémentaires par enfant aux familles qui reçoivent déjà une aide au logement et une allocation de solidarité spécifique.
La demande faite aux banques de décaler les échéances de paiement des familles. Dans certaines communes défavorisée, les mairies ont réclamé le prêt d’ordinateurs aux élèves précarisés directement aux fabricants (Apple, Microsoft,…)
La suspension du règlement des loyers dans certains HLM.
Italie
200'000 familles sur 4 millions ne peuvent plus payer leur loyer suite à la perte de leur emploi.
Des négociations sont en cours avec les propriétaires pour une baisse temporaire du loyer.
Un bonus financier est également prévu dans certaines régions aux personnes n’ayant plus de revenu et qui ne bénéficient pas d’indemnités chômage, car elles travaillaient au noir ou dans des petits emplois ne leur donnant pas accès à des droits.
Angleterre
Ce pays n’a pas adopté de mesures similaires mais de nombreuses voix de responsables de l’enfance s’élèvent pour réclamer des aides financières face à la crise.
La presse allemande, anglaise et suisse souligne la plus grande vulnérabilité, en cette période, des familles monoparentales, qui vivent souvent à la limite de la précarité.
Dans tous les pays occidentaux sous revue, l’accentuation des difficultés économiques suite à la crise sanitaire creuse les inégalités sociales en précarisant les familles de la classe moyenne et en fragilisant encore davantage les familles défavorisées.
Pour la presse française, cette crise sanitaire relance la nécessité d’une réflexion à plus long terme sur le soutien étatique aux familles pauvres afin d’améliorer leur pouvoir d’achat, sur la mise en place de bons alimentaires, d’emplois « aidés » dans les quartiers populaires, du revenu universel et de l’accès aux soins médicaux.
Privées de source de revenus, les familles défavorisées apparaissent au grand jour lors des distributions de nourriture, qui n’avaient plus été organisées à une si grande échelle depuis de nombreuses années en Europe.
L’Observatoire des familles de l’Université de Genève a décidé d’étudier les conséquences du confinement sur la vie des familles et les mesures prises par plusieurs Etats pour les soutenir dans leur vie quotidienne. Cette étude exploratoire se fait à travers l’analyse de la presse de huit pays européens (Allemagne, Angleterre, France, Italie, Pays-Bas, Russie, Suède et Suisse)
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